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Election 2024, programme du MR : Enseignement

Axe 4 : Un enseignement de qualité qui permet l'émancipation

 

L’accès à l’enseignement et à l’éducation est la première des politiques sociales visant l’émancipation. Il faut donc le favoriser le plus tôt possible pour renforcer l’égalité des chances dès le plus jeune âge. Actuellement, notre enseignement manque en effet de performance et il reproduit les inégalités. L’école doit être le lieu de l’égalité des chances et des opportunités. Il importe donc de garantir l’accès  à  un  enseignement exigeant et qui permette à chacun de développer ses compétences pour s'adapter à un milieu professionnel et à un environnement social en perpétuelle évolution. Des valeurs essentielles doivent être inculquées aux élèves dès le plus jeune âge : l’effort, l’exigence, l’excellence, la curiosité, le sens des responsabilités, le goût du travail de qualité, le respect de l’autorité et la reconnaissance du mérite. La priorité doit être donnée aux apprentissages de base (savoir lire, écrire, compter) et des évaluations externes doivent être organisées dès la 3e primaire pour s’assurer qu’ils sont bien maîtrisés. Nous voulons également une école ouverte vers les enjeux de notre temps, en matière de langues, de citoyenneté, de numérique, de culture… Nous devons soutenir, encourager et valoriser celles et ceux qui œuvrent au sein de nos écoles. Cet enseignement doit être dispensé par des professionnels formés, plus autonomes, responsables et respectés dans leur action.  Ceci garantit le développement d’une société prospère, dans laquelle chacun peut trouver ou créer sa place.
 
Dans son dernier rapport consacré à l’éducation (2023), l’OCDE place la Fédération Wallonie-Bruxelles parmi les bons élèves en matière de financement de son système éducatif.
 
Sur un budget total de 14,6 milliards d’euros (2024), la Fédération Wallonie-Bruxelles consacre ainsi plus de la moitié de son budget à l’enseignement obligatoire (53%). En effet, le budget dévolu à l’enseignement obligatoire s’élève à 7,7 milliards d’euros (2024), dont la majeure partie (6,6 milliards d’euros soit 86%) est consacrée aux traitements des membres du personnel.
 
Face aux défis budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il est indispensable d’assurer une meilleure maîtrise budgétaire des dépenses liées à l’enseignement. En outre, au regard du financement très important des dépenses de personnel et du sous- financement des dépenses d’infrastructures et de fonctionnement, il apparait nécessaire de tendre progressivement vers une meilleure répartition des budgets disponibles, et ce au bénéfice de tous les acteurs de notre enseignement.
 
Cette politique réfléchie doit aller de pair avec une modernisation et une simplification des statuts des personnels de l’enseignement visant à leur garantir des conditions de travail décentes, des perspectives réelles de carrière, une juste rémunération - notamment la mise en place des nouveaux barèmes liés à la réforme de la formation initiale des enseignants et une meilleure attractivité du métier. Cette modernisation des statuts doit également lutter contre la pénurie et corriger les mécanismes qui tendent à aggraver celle-ci (retraites anticipées, congés pour missions, mises en disponibilité, absentéismes, différentes charges horaires, ...).
 
Plus encore, nous devons davantage écouter les équipes éducatives sur le terrain. En collaboration avec celles-ci, et sur base de leur retour, il est essentiel d’améliorer la mise en œuvre du Pacte en évaluant objectivement les réformes déjà adoptées et en corrigeant ce qui doit l’être pour atteindre les objectifs de qualité de l’enseignement. Parallèlement, il faut oser simplifier les dispositifs existants afin d’introduire une réelle obligation de résultat de simplification administrative et de meilleure compréhension et praticabilité des règles. Enfin, il faut rendre confiance aux équipes éducatives sur le terrain en leur donnant davantage de liberté et d’autonomie et en allégeant les charges administratives pesant sur elles.
 

4.3. L’enseignement spécialisé

4.3.1. Une réforme de l’enseignement spécialisé
 
Un jeune sur 25 en Fédération Wallonie-Bruxelles est scolarisé dans l’enseignement spécialisé. Celui-ci recouvre des réalités, des difficultés ou des handicaps très variés et nous est envié par de nombreux pays.
 
La mise en place des pôles territoriaux a mobilisé toute l’attention ces dernières années car elle impacte autant l’enseignement ordinaire que l’enseignement spécialisé. Ce dernier a néanmoins été quelque peu oublié dans cette réforme alors qu’il répond aux besoins d’un certain nombre d’élèves qui n’ont pas trouvé leur place dans l’enseignement ordinaire. Néanmoins, le MR estime qu’il doit être prioritairement réservé aux cas les plus lourds, aux élèves qui en ont vraiment besoin et qui profitent pleinement de cet encadrement privilégié. Il est donc question de cibler plus précisément son public cible et les mécanismes d’orientation.
 
Trop souvent en effet, dans certaines filières spécifiques, se retrouvent des élèves sans autre handicap que social : un bagage insuffisant au niveau social et culturel de l’enfant ou de sa famille et/ou une méconnaissance de la langue d’enseignement. Très clairement, ces élèves ne peuvent s’épanouir dans le spécialisé. En outre, cela entraîne un coût non négligeable pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et des problèmes de discipline dans les classes. Ce mélange des publics nuit souvent à la sérénité des classes. Cette notion de handicap social doit être combattue, par exemple par une prise en charge plus efficace des enfants qui ne possèdent pas la langue de l’enseignement dès les premières années de leur scolarité dans l’ordinaire. C’est ce que vise en partie l’abaissement de l’obligation scolaire à 3 ans.
 
Dans le secondaire spécialisé, la majeure partie des élèves est en capacité de s’intégrer dans le monde du travail, certes à un niveau limité, mais néanmoins valorisant pour eux- mêmes et leurs familles. Si l’inclusion dans l’enseignement ordinaire n’est pas possible, et que ces jeunes restent dans le spécialisé, il faut développer une offre de stages plus importante à leur attention. L’information des familles pourrait être améliorée et certains manuels pourraient être revus, pour coller à la réalité de ces élèves. Dans le cas des enfants sourds et malentendants par exemple, le MR souhaite mieux sensibiliser le monde de l’enseignement à l’apprentissage de la langue des signes et favoriser ainsi une meilleure inclusion de ces élèves en vue de leur proposer un projet de formation et de carrière adapté à leurs besoins et aux métiers du futur.
 
Toujours dans le secondaire spécialisé, la réforme des Titres et Fonctions a écarté de l’enseignement de nombreux professionnels présents dans les cours pratiques, très motivés mais qui ne disposaient pas du titre pédagogique requis. Une vision objective des débouchés réels des formations proposées s’impose également, ainsi qu’une dénomination plus en phase avec la réalité du secteur de l’emploi.
 
Dans la réforme à venir, concrètement, il sera question de revoir les normes d’encadrement pour les éducateurs (prioritairement pour le Type 4), envisager la création d’un type/forme 9 spécifique pour les élèves à troubles du spectre autistique (ils se retrouvent souvent dans des classes avec des élèves caractériels, ce qui est incompatible), généraliser et allonger les stages des futurs enseignants dans les établissements d’enseignement spécialisé dans le cadre de leur formation. De plus, cela sera utile aux enseignants de l’ordinaire qui doivent de plus en plus gérer des élèves à besoins spécifiques avec des protocoles d'aménagements raisonnables.
 
Pour les enfants qui évoluent positivement, la scolarisation dans l’ordinaire doit toujours être privilégié.
 
4.3.2. L’amélioration du transport scolaire des enfants en situation de handicap
 
L’inclusion scolaire passe également par l’accessibilité scolaire des enfants en situation de handicap. C’est pourquoi le MR souhaite la création d’une seule et même cellule dédiée au transport scolaire au sein de l’administration. L’amélioration du transport passe également par le recrutement et la formation de nouveaux accompagnateurs et chauffeurs ainsi que par une meilleure communication aux usagers.
 
La problématique du transport scolaire est complexe en Belgique car elle est à la fois liée à la logique des réseaux d’enseignement prévue par la loi du pacte scolaire du 29 mai 1959 et au fait que la Belgique est composée de Régions et de Communautés. Par ailleurs, le transport scolaire consiste à organiser et à gérer un espace-temps particulier, c’est-à-dire une situation ayant des caractéristiques spatiales et temporelles spécifiques. Il est donc traversé par une série de contraintes organisationnelles, institutionnelles mais aussi situationnelles. Enfin, la diversité des acteurs impliqués (SPW, TEC, COCOF, sociétés d’autobus, chauffeurs indépendants, etc.) complique encore davantage la situation.
 
La problématique des transports scolaires pour les enfants de l’enseignement spécialisé est récurrente. La principale plainte porte sur la longueur des trajets. Par exemple, près de 50% des enfants usagers des transports scolaires pour rejoindre une école du Brabant Wallon passent plus de deux heures par jour dans les bus. Et plus de 20% y passaient plus de trois heures, voire quatre heures, ce qui est bien sûr inadmissible pour des enfants. Cela sans compter les nombreux enfants conduits directement par leurs familles pour éviter une telle « maltraitance ».
 
Il s’agit donc d’améliorer l’offre de transports pour les enfants en situation de handicap via une simplification administrative et l’allocation d’un budget spécifique au secteur.
 
Une attention particulière sera portée aux questions suivantes : la prise en compte du temps de trajet plutôt que la distance kilométrique ; la participation financière des parents si cela permet une amélioration du service proposé, ou si cela permet d’organiser ce transport, pour les cas non couverts actuellement ; une meilleure formation des accompagnants et une stabilisation des effectifs ; une réflexion sur le rôle de chacun (Région wallonne, Cocof et Fédération Wallonie-Bruxelles, suite au développement de l’inclusion d’élèves à besoins spécifiques).
 
Nous proposons  également  d’envisager  le  recours  à  des  camionnettes/minibus,  quand c’est possible, ce qui facilite l’engagement de chauffeurs, et de trouver d’autres fonctions pour les chauffeurs le reste de la journée (en hôpital, institutions spécialisées etc.), pour résoudre la question de contrats précaires/peu d’heures). Il serait aussi opportun de permettre à ces minibus d’emprunter les voies réservées aux bus/taxis (grandes villes).
 
4.3.3. Une révision de la mise en œuvre des pôles territoriaux
 
Un pôle territorial est une structure attachée à une école d'enseignement spécialisé. Il est composé d'une équipe pluridisciplinaire de minimum 15 enseignants, éducateurs, logopèdes, kinés, tous spécialisés dans les troubles de l'apprentissage et/ou dans le soutien au handicap. Ces spécialistes travaillent au sein des écoles ordinaires partenaires du pôle en vue d’accompagner les élèves à besoins spécifiques. L’implémentation progressive des pôles territoriaux participe à la construction d’une école plus inclusive, et donc, à la diminution du nombre d’élèves dans l’enseignement spécialisé.
 
Cette réforme doit progressivement mettre un terme à l’intégration des élèves du spécialisé dans l’ordinaire et qui bénéficiaient d’un accompagnement individualisé. L’accompagnement des élèves est à présent collectif.
 
Le MR veut évaluer l’efficacité des pôles territoriaux et la pertinence de leurs missions à caractère collectif au détriment de plus de missions à caractère individuel auprès des élèves, ainsi que l’impact de l’inclusion d’élèves à besoins spécifiques sur la bonne organisation des classes et la qualité des apprentissages.
 
La mise en place de ces pôles a mobilisé toute l’attention durant ces dernières années et cette mise en place est loin d’être optimale. De plus, l’interprétation des textes et les modifications apportées en cours de construction ne sécurisent personne, notamment au niveau de l’abandon des intégrations temporaires totales, qui fragilise la confiance des acteurs de l’enseignement.
 
Il s’agit d’un changement de paradigme visant à la mise en œuvre d’une école plus inclusive, notamment par le biais d’une approche évolutive des difficultés de l’élève dans l’enseignement ordinaire (accompagnement personnalisé, dossier d’accompagnement de l’élève, développement d’une approche orientante positive, aménagements raisonnables, etc.) mais, dans les faits, la prise en charge des élèves concernés a un lourd impact sur le travail des enseignants de l’ordinaire et parfois sur le climat de classe.
 
Au-delà de l’évaluation de la mise en place et de l’efficacité des pôles, le MR veut mieux former et outiller les enseignants de l’ordinaire à gérer des classes hétérogènes avec de plus en plus d’élèves à besoins spécifiques, en protocoles d’aménagements raisonnables. On notera que l’on est passé de 3802 élèves en 2020-2021 à 20 746 élèves actuellement.

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